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Les monnaies virtuelles au-delà du bitcoin : quelles perspectives?

Les monnaies complémentaires ou alternatives ne sont pas nouvelles, au contraire, elles ont toujours existé. Il s’agit de monnaies qui ne sont pas soutenues par un gouvernement national, mais émises et utilisées par des territoires, des organisations, des citoyens…

Elles suscitent un regain d’intérêt depuis quelques années, pour répondre à des besoins que certains estiment non satisfaits par les monnaies officielles. Il peut s’agir notamment de monnaies locales visant à redynamiser l’économie d’un territoire [1], mais aussi de monnaies « virtuelles » permettant de faciliter des transactions sur Internet.

Selon un rapport du ministère français de l’Économie en juillet dernier [2], une monnaie virtuelle est une monnaie « non-officielle émise sous forme numérique. Elle n’a pas de matérialisation physique : pas de pièce ou de billet. » Le qualificatif de « virtuel » peut prêter à confusion et que certains peuvent lui préférer « électronique », « cryptomonnaie » ou « monnaie libre » même si, comme nous le verrons dans cette note, ces termes recouvrent des réalités différentes.

Quel que soit le terme utilisé, juridiquement, en France, il ne s’agit donc pas d’une monnaie, mais uniquement d’un « moyen de transaction qui peut permettre d’effectuer des paiements en ligne ». Toujours selon ce rapport, il existerait aujourd’hui des dizaines de monnaies virtuelles en circulation ; en réalité, plus de 400 monnaies électroniques sont aujourd’hui cotées en dollars US sur des plates-formes en ligne [3]. Les 10 principales représenteraient 10 milliards d’euros, contre 900 milliards d’euros pour les billets et pièces en circulation. Sachant que les billets ne représentent que 2 % des transactions totales en euros [4], la différence est donc encore plus importante.

Elles présentent des différences avec les devises légales, notamment parce qu’elles ne sont pas émises ni contrôlées par une banque centrale mais souvent par une organisation privée (entreprise, association, collectif…). De ce fait, elles ne peuvent pas être soumises aux modes de régulation « classiques » du système monétaire.

Cette note propose de présenter certaines de ces monnaies virtuelles et les objectifs de leurs créateurs, avant de s’intéresser aux réactions qu’elles suscitent de la part des utilisateurs, des entreprises et des pouvoirs publics. Elle s’interroge ensuite sur leurs perspectives de développement et sur les évolutions du rapport à la monnaie qu’elles introduisent.

Notons dès à présent que les monnaies virtuelles sont un sujet particulièrement complexe (y compris technique) et fluctuant, qui suscite des réactions parfois très passionnées d’adhésion (de leurs utilisateurs) ou de rejet (des autorités notamment). De ce fait, cette note n’a pas pour objectif de prendre position sur la légitimité ou l’intérêt de ces monnaies, mais bien d’analyser leur essor et les motivations de leurs utilisateurs.

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[1] Voir Désaunay Cécile, « Les monnaies locales peuvent-elles rendre l’économie plus humaine et plus « éthique » ? », note de veille, 27 décembre 2011, Futuribles International. URL : https://www.futuribles.com/fr/base/article/les-monnaies-locales-peuvent-elles-rendre-leconomi/

[2] MEFI (Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie), L’encadrement des monnaies virtuelles. Recommandations visant à prévenir leurs usages à des fins frauduleuses ou de blanchiement, Paris : MEFI, groupe de travail « Monnaies virtuelles », 2014. URL : http://www.economie.gouv.fr/rapport-sur-monnaies-virtuelles-2014

[4] Robin Jean-Pierre, « Les billets en euro, première monnaie fiduciaire mondiale devant le dollar », Le Figaro, 27 décembre 2013. URL : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/12/27/20002-20131227ARTFIG00300-les-billets-en-euro-premiere-monnaie-fiduciaire-mondiale-devant-le-dollar.php

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