Ainsi que le rappelait Hervé Kempf dans un récent ouvrage [1], la conquête des Amériques par les conquistadores espagnols au XVIe siècle ne tient pas tant à leur expérience militaire et leur maîtrise du canon qu’à leur adaptation de longue date à un large éventail de maladies et autres agressions virales qu’ils apportèrent avec eux dans ce nouveau monde. Ces « hôtes imprévus, écrit-il, se révélèrent la plus terrible arme de guerre que l’humanité ait jamais connue ». Il faut en effet rappeler que la population du Mexique est passée de 25 millions en 1519 à un million d’habitants en 1605, en grande partie en raison de l’« importation » de ces nouvelles conditions biologiques.
Cet impact considérable de l’environnement biologique et de la résistance (ou non) des individus est aussi au centre d’un ouvrage paru en 2012 aux États-Unis : Spillover [2]. L’auteur, David Quammen, journaliste scientifique récompensé à plusieurs reprises, nous y ale...