Albert Bressand et Catherine Distler montrent comment le développement des réseaux – et les « économies de vitesse » – ont permis, depuis plusieurs décennies déjà, de connaître le prix de pratiquement tous les instruments financiers en temps réel et depuis toutes les places du monde. Mieux encore, de s’affranchir de la contrainte du temps et de l’espace pour créer, finalement, des marchés-réseaux planétaires.
Les auteurs donnent ainsi de nombreux exemples de réseaux, à commencer par NASDAQ, aujourd’hui deuxième bourse du monde après le New York Stock Exchange ! Mais ils soulignent aussi que la transmission instantanée de l’information ne constitue qu’un élément, qu’elle induit de nouveaux modes de participation au marché et une évolution importante de l’organisation même des marchés : par exemple, de nouvelles formes d’intermédiation et de nouveaux modes de formation des prix en dehors des marchés existants, au travers de réseaux-marchés non réglementés.
Ils soulignent cependant qu’au changement d’infrastructure doit correspondre une « infostructure », c’est-à-dire un ensemble de règles permettant l’établissement et la bonne fin des contrats, voire une « infoculture » de sorte que les relations entre les acteurs s’inscrivent dans un ensemble d’attentes mutuelles et de règles non écrites permettant de régler les problèmes nouveaux que soulève le fonctionnement de ces marchés-réseaux. Enfin, A. Bressand et C. Distler, après avoir relaté le développement de différents réseaux, montrent comment ceux-ci, de plus en plus, s’interconnectent pour former, non pas un « village global financier », mais plutôt un réseau de réseaux et soulignent la nécessité d’une co-régulation ne passant pas nécessairement par l’adoption d’un cadre réglementaire supra-national.
Le " village global " financier. Technologies d'information et marchés-réseaux
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 192, nov. 1994