Le télétravail est un paradoxe : alors que ses avantages sont mis en avant depuis plus d’une trentaine d’années et que des travaux de prospective prédisent depuis longtemps son essor [1], il est resté longtemps limité en France [2]. Mais depuis quelques années, il semble enfin décoller : au 15 avril 2019, 852 entreprises françaises disposent d’un accord sur le télétravail, soit une hausse supérieure à 30 % en un an [3]. Ceci correspond à moins de 15 % des ETI [4] et des grandes entreprises françaises (les principales concernées par ces accords).
Selon une étude de Malakoff Médéric [5], 29 % des salariés déclarent télétravailler, soit quatre points de plus qu’en 2017 et 12 points de plus qu’en 2016 [6]. Parmi eux, seuls 14 % le font « régulièrement », dont 9 % pour lesquels cette pratique est contractualisée (en hausse de trois points). De même, 3 dirigeants sur 10 déclarent pratiquer le télétravail, dont 11 % régulièrement. La France se situe dans la moyenne des pays européens, derrière les pays du Nord (un tiers des Danois télétravaillent) et devant l’Allemagne (12 %) [7].
Source : Malakoff Médéric, Le Comptoir de la nouvelle entreprise, op. cit.
Parmi les salariés qui recourent au télétravail, la moitié travaillent dans des entreprises de plus de 1 000 salariés, sont cadres, ont entre 35 et 49 ans, et travaillent dans le secteur des services. Un tiers vit en région parisienne.
Dans la quasi-totalité des cas, le télétravail se pratique à domicile et en moyenne presque deux jours par semaine. Le télétravail peut aussi se faire depuis un bureau « satellite » mis à disposition de l’entreprise (utilisé au moins ponctuellement par un tiers des personnes interrogées) ou dans des espaces de coworking (fréquentés par un télétravailleur sur cinq).
La principale raison de cette récente hausse du télétravail est l’ordonnance de 2017, qui définit enfin le télétravail comme « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux, de façon volontaire, en utilisant les technologies de l’information et de la communication [8] ». Cette ordonnance introduit trois changements majeurs. Elle permet aux entreprises d’encadrer cette pratique par le biais d’un accord collectif ou d’une charte (ce qui explique la hausse des accords enregi...