Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), la mauvaise santé mentale des salariés coûte cher (taux de chômage plus élevé, augmentation des pensions d’invalidité, départs à la retraite anticipés, absentéisme plus important, baisse de productivité, etc.) Même si, aujourd’hui, les liens de causalité entre emploi et santé mentale demeurent flous, il semblerait que des conditions de travail non satisfaisantes puissent conduire à une aggravation voire à l’apparition de troubles mentaux.
Selon Julien Pelletier, les troubles mentaux font partie des nouveaux « risques liés aux enjeux de la mondialisation et aux nouvelles formes de travail, (ils) présentent pour l’équilibre économique d’ensemble des conséquences comparables, dans leur principe et dans leur ampleur, à celles de la période de la révolution industrielle, nécessitant une amélioration des conditions de travail et d’emploi pour renforcer l’efficacité des systèmes productifs à la fois plus locaux et plus mondialisés ».
Les entreprises se sentent de plus en plus concernées par les problèmes de santé mentale liés au travail et, depuis les années 2000, des dispositifs de gestion des risques psychosociaux ont été mis en place.
Pourtant, on constate, dans les pays développés, un accroissement du mal-être des travailleurs lié à la fois à la reconnaissance et à la sensibilisation à ce nouveau problème, et à une dégradation des conditions de travail (augmentation des cadences, perte d’autonomie, manque de reconnaissance, précarisation de l’emploi, etc.).
Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour lutter contre les risques psychosociaux. Elles peuvent être de l’initiative de l’État via un renforcement de la législation ou des entreprises qui peuvent améliorer les conditions de travail des salariés au quotidien (ambiance, adaptation des équipements, renforcement de l’esprit d’équipe, autonomisation des salariés, etc.).
Les faibles perspectives de croissance économique des années à venir laissent entrevoir un maintien de la pression sur les salariés en emploi. Toutefois, si la dégradation de la santé mentale des travailleurs se poursuit, il se pourrait que les entreprises mettent les bouchées doubles quant à l’amélioration des conditions de travail. Ce qui pourrait avoir pour conséquence indirecte une prolongation (dans le temps) de la carrière des salariés (car moins pénible et plus satisfaisante) et donc une hausse du taux d’emploi des seniors. Par ailleurs, les conditions de travail pourraient devenir, en plus (ou a défaut) du salaire, un argument de plus en plus attrayant pour les individus les plus qualifiés.