Alors que la loi sur le travail, dite loi El Khomri, divise la France, l’un de ses articles semble pourtant faire l’unanimité. Le texte introduit en effet pour les salariés un « droit à la déconnexion dans l’utilisation des outils numériques en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congés ». Ce droit devra être mis en œuvre dans le cadre de chartes pour les entreprises de plus de 300 salariés, d’ici la fin de l’année 2017 [1]. Il se traduirait notamment par la possibilité, pour les salariés, de ne pas répondre à des mails ou des appels professionnels en dehors de leurs horaires de travail.
Pourquoi le gouvernement estime-t-il nécessaire d’inscrire ce droit dans la loi, alors même que rien n’oblige légalement un salarié à être joignable en dehors de ses horaires de travail ? Parce que dans ce domaine, les dérives se multiplient, qu’elles soient subies ou choisies par les salariés. Selon différentes études, près de 8 cadres sur 10 affirment rester connectés en dehors de leurs horaires de bureau [2]. Ils sont presque aussi nombreux à considérer que cela augmente leur charge de travail, perturbe leur vie privée et leur qualité de vie. Pourtant, seule une minorité de ces travailleurs parvient à se réserver des temps de déconnexion car, dans la majorité des cas, l’organisation de leur travail ne le leur permet pas, ils craignent de ne pas tenir le rythme de leurs collègues, ils estiment que les technologies sont aussi un moyen de gagner du temps et d’être plus réactifs… Les phénomènes d’addiction au travail tendent donc à se multiplier et accroissent les risques de burn-out, qui n’est pour l’instant pas reconnu comme maladie professionnelle mais fait l’objet d’une attention particulière dans la loi El Khomri (loi Travail) et la loi Rebsamen (loi relative au dialogue social et à l’e...