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Vers une vague de lanceurs d’alerte ?

Les lanceurs d’alerte sont au cœur de l’actualité. En février dernier, quatre médias francophones ont lancé « Source sûre », une plate-forme sécurisée pour les lanceurs d’alerte [1]. Dans le cadre des débats sur la très controversée loi sur le renseignement qui se sont tenus au printemps 2015 à l’Assemblée nationale, un amendement a été adopté visant à créer un statut de lanceur d’alerte dans le renseignement français [2].

Peut-on s’attendre à une augmentation du nombre de lanceurs d’alerte et donc de scandales qui y sont associés dans les années à venir ? Et quelles peuvent être les conséquences pour les entreprises et les États ?

Depuis quelques années, le phénomène des « lanceurs d’alerte » (whistleblowers en anglais) semble se développer. Ce terme recouvre des réalités assez différentes dont le point commun est la révélation d’éléments ou de pratiques secrètes d’une organisation par une personne interne à cette organisation (État, entreprise, association, etc.). Ainsi, en 2010, Bradley Manning, soldat américain, a-t-il transmis à Wikileaks plus de 700 000 documents confidentiels de l’armée américaine et notamment une vidéo de soldats américains attaquant des civils non armés à Bagdad. En 2013, Edward Snowden, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA), a révélé les détails de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques. En France, en 2010, Irène Frachon a publié un livre, résultat d’une enquête épidémiologique qui démontre la toxicité du médicament Mediator [3], etc.

Le phénomène en soi n’est pas nouveau. On peut par exemple citer le cas de Daniel Ellsberg, un analyste du département d’État américain qui avait révélé les dessous de la guerre du Viêt-nam (Pentagone Papers) au New York Times en 1971. Ce qui est nouveau, explique François-Bernard Huyghe, directeur de recherches à l’Institut de relatio...