Ce document est issu de l’étude de Futuribles International « Produire et consommer à l’ère de la transition écologique ».
Présentation de l’étude et documents publiés : http://www.futuribles.com/fr/groupes/produire-et-consommer-en-france-en-2030/
À l’échelle mondiale, la croissance économique se traduit globalement par une hausse de la consommation de ressources naturelles, l’éventualité d’un découplage restant pour l’instant très incertaine (voir le diagnostic sur la disponibilité des ressources mondiales). Qu’en est-il dans les pays développés et notamment en France ?
En octobre 2011, le chercheur Chris Goodall publie un papier intitulé « ‘Peak stuff’ Did the UK reach a maximum use of material ressources in the early part of the last decade?” [1]. Les éléments collectés par le chercheur le conduisent à penser qu’il y aurait de fortes chances pour que la consommation matérielle ait connu au Royaume-Uni un pic au début des années 2000, c’est-à-dire avant la crise commençant en 2008. Cette thèse d’un découplage absolu entre croissance économique et consommation de ressources tendrait à accréditer l’idée selon laquelle la croissance n’irait pas nécessairement de pair avec une pression accrue sur les écosystèmes.
Le chercheur britannique utilise pour étayer son raisonnement des données synthétiques sur la consommation matérielle, puis une analyse spécifique sur certains biens de consommation. Nous reprenons ici le questionnement du chercheur britannique pour la France et cherchons donc à savoir si l’on peut constater un pic de consommation matérielle en France au cours des dernières années. Nous partons comme Chris Goodall des indicateurs synthétiques disponibles ; nous analysons ensuite chaque poste de consommation finale des ménages pour repérer d’éventuels pics de consommation ; puis nous essayons d’estimer avec les données disponibles si le contenu en matière de ces différents postes de consommation est plutôt en hausse ou en baisse en nous appuyant sur les données disponibles pour chaque poste. Une analyse globale des transformations des processus de production qui sont susceptibles de jouer sur le contenu en matière des biens consommés est par ailleurs proposée dans un document spécifique.
En bref, nous essayons d’analyser si l’on peut parler d’un peak stuff en France, mais sans quantifier l’ampleur des évolutions. Notre approche nous conduit à penser qu’il n’y a pas (encore ?) eu de pic de consommation matérielle en France : en effet, même si certaines baisses apparemment durables s’observent effectivement pour certains biens et services, globalement la consommation en volume ne cesse d’augmenter. Nos travaux nous amènent également à relativiser certaines conclusions de Chris Goodall, même si notre étude ne prétend pas constituer un travail de recherche suffisant pour conclure sur ces sujets.
[1] Research Paper, 13 octobre 2011. URL : http://www.carboncommentary.com/wp-content/uploads/2011/10/Peak_Stuff_17.10.11.pdf ; http://e360.yale.edu/feature/the_new_story_of_stuff_can_we_consume_less/2468/