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Travail indépendant, “freelancisation”, “jobbing” : mythes, réalités et incertitudes

Les transformations récentes du travail font la une des médias, qui nous annoncent que nous pourrions être « tous ubérisés [1] » et prédisent « la fin du salariat [2] », voire « la fin du travail [3] ». On assisterait ainsi à une explosion du nombre de travailleurs indépendants, conséquence de leurs difficultés à retrouver un emploi salarié, de leurs nouvelles attentes et de la flexibilisation des statuts et des modalités du travail indépendant.

Néanmoins, les mutations du travail observées aujourd’hui relèvent de réalités très différentes, qui posent surtout la question de l’essor de la pluriactivité, et de la complémentarité entre les différentes formes d’emploi indépendant et salarié.

En 2014, selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), les travailleurs non salariés représentent 10 % des travailleurs en France, soit 2,8 millions de personnes, contre 15 % en moyenne dans l’Union européenne (UE-28) [4].

Leur nombre a fortement diminué entre 1970 et le début des années 2000, conséquence notamment de la réduction du nombre d’exploitants agricoles, de l’évolution du droit du travail et de la diffusion de la protection sociale. Mais il a augmenté de 26 % entre 2006 et 2011 (environ 550 000 personnes), et plus encore dans les services (informatique, gestion, enseignement, services à la personne…).

Emploi non salarié au 31 décembre selon le secteur d’activité de 1970 à 2011

Source : Omalek Laure et Rioux Laurence, « Vue d’ensemble. Panorama de l’emploi et des revenus des non-salariés », in Emploi et r...