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Strategic Foresight Report 2023

Sustainability and People’s Wellbeing at the Heart of Europe’s Open Strategic Autonomy

Analyse de rapport

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L’Union européenne (UE) investit fortement l’agenda environnemental en poursuivant l’objectif d’améliorer ses capacités à gérer les conséquences du changement climatique. Pourtant, il est difficile de veiller à ce que cette transition écologique, indispensable, ne crée pas des inégalités économiques et des tensions sociales. C’est la raison pour laquelle ce rapport de prospective stratégique, publié en juillet 2023, se concentre sur les tendances structurelles situées au croisement des enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

Commission européenne, Strategic Foresight Report 2023: Sustainability and People’s Wellbeing at the Heart of Europe’s Open Strategic Autonomy, Bruxelles : Commission européenne, juillet 2023, 36 p.

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L’objectif du rapport est de clarifier les choix, les options possibles et les synergies pour faciliter l’adaptation, de manière globale, mais aussi de façon systémique. Après un exercice participatif de prospective, le rapport propose 10 champs d’action pour mieux faire face aux enjeux de notre époque dite de « permacrise » ou « polycrise ».

Ce rapport fait suite à trois précédentes éditions : celle de 2020, qui se concentrait sur les enjeux de résilience ; celle de 2021, qui analysait le concept d’autonomie stratégique ouverte ; et celle de 2022, qui approfondissait le lien entre transition écologique et transition numérique. Comme à chaque fois, le travail s’appuie sur les analyses d’experts de plusieurs disciplines, des échanges avec les différents services de la Commission et les agences européennes concernées, et des consultations des États membres de l’UE et des pays partenaires.

Les six grandes intersections complexes entre les enjeux climatiques et les enjeux socio-économiques étudiées sont les suivantes :

  • L’importance que prend aujourd’hui le contexte géopolitique, avec une reconfiguration de la mondialisation telle qu’on a pu la connaître par le passé. Le narratif occidental est de plus en plus contesté à l’est, mais aussi par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et d’autres pays émergents, qui se positionnent en désalignement du G7. Or, l’Union européenne ne représente que 6,9 % des émissions des gaz à effet de serre (GES) et 5 % de la population mondiale : une coopération étroite avec ceux qui ne partagent pas le récit occidental est donc nécessaire pour permettre des avancées soutenables et durables.
  • Une plus grande quête de choix soutenables écologiquement et de bien-être. L’idée est que l’Union européenne pourrait obtenir un avantage compétitif en devenant leader des produits et services zéro émission nette (ZEN), ou du secteur des soins et de la santé. Mais attention, d’après des analyses de la Banque centrale européenne (BCE), 72 % des 4,2 millions d’entreprises de la zone euro sont très dépendantes de l’accès à des éléments naturels comme l’eau propre, la pollinisation, le bois, etc. Si le changement climatique et la dégradation de la biodiversité continuent à ce rythme, les risques qui pèsent sur ces entreprises vont devenir de plus en plus prégnants.
  • Une pression plus forte sur les financements. La transition écologique demande des investissements sans précédent, or les budgets publics sont contraints. Les financements privés vont donc devenir indispensables.
  • Une tension sur les compétences. D’après la Banque européenne d’investissement (BEI), 85 % des entreprises européennes — qu’elles opèrent dans des secteurs traditionnels ou émergents — déclarent que le manque de compétences adaptées à leurs besoins contraint leurs investissements. Et 69 % des municipalités au sein de l’UE admettent ne pas disposer des compétences environnementales dont elles auraient besoin pour mettre en œuvre une transition écologique durable.
  • Une cohésion sociale qui se fissure. Si les inégalités entre États membres se réduisent, les inégalités au sein même des États membres s’accroissent.
  • Une menace sur la démocratie et le contrat social. Près de la moitié (49 %) des Européens pensent que leur voix ne compte pas.

Les 10 champs d’action identifiés sont les suivants :

  1. Mettre en place un nouveau contrat social dans les pays de l’UE, qui prendrait davantage en compte l’inclusivité de l’accès au marché de l’emploi, une meilleure protection sociale pour les personnes hors du salariat classique, une meilleure intégration des migrants.
  2. Devenir les champions de l’économie zéro émission nette dans les domaines de l’énergie, l’eau, la santé, etc.
  3. Développer davantage les synergies entre les politiques intérieures et extérieures de l’UE, pour garantir une autonomie stratégique ouverte plus forte.
  4. Soutenir les changements de comportements de production et de consommation, afin de décarboner l’économie.
  5. Augmenter les investissements privés dédiés au financement de la transition écologique.
  6. Adapter les politiques publiques (fiscales, etc.) pour soutenir la transition écologique.
  7. Modifier les indicateurs de suivi (comme le produit intérieur brut) pour mieux inclure les dimensions environnementales, de santé, etc.
  8. Rendre l’accès au marché de l’emploi plus inclusif et former aux compétences qui pourraient manquer.
  9. Lutter contre la désinformation et « encapaciter » les citoyens pour renforcer la démocratie.
  10. Consolider les mécanismes de protection civile mis en place au niveau de l’UE en cas de catastrophe.
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