La pandémie de Covid-19 a provoqué une crise sanitaire qui a conduit bon nombre de pays à confiner leur population pendant des périodes plus ou moins longues. Bruno Latour tire les leçons de cette épreuve dans les 14 chapitres très brefs de ce livre. Il la compare à celle vécue par un employé de commerce, Gregor Samsa, dans la nouvelle de Franz Kafka La Métamorphose (1915) :transformé pendant la nuit en cafard, il ne peut plus travailler et ses parents l’enferment dans sa chambre pour l’isoler de l’extérieur.
Comme Gregor, les humains confinés se sont rendu compte que leur survie dépendait des activités d’une multitude d’individus (artisans, médecins, infirmières, entrepreneurs, etc.) localisés loin de chez eux. Sur Terre, ils n’ont connaissance de l’Univers que par des images que leur fournissent des instruments d’observation, des satellites notamment, et ils ont pris conscience qu’ils vivent dans une mince couche à sa surface, habitable sur quelques kilomètres d’altitude et de profondeur, que Bruno Latour qualifie de « critique ». Les êtres vivants (cyanobactéries qui ont émis de l’oxygène, organismes pluricellulaires, humains, etc.) qui se sont succédé sur la Terre, l’ont progressivement transformée en « ravaudant » (un mot qu’il utilise souvent) leurs conditions initiales mais, à l’ère de l’Anthropocène, les humains modifient le climat et donc leurs conditions de vie. Terre est donc un nom propre englobant tous les êtres biologiques viv...