Le départ d’Emmanuel Faber de la direction du groupe Danone a réactivé de vifs débats, dans la sphère économique et financière, sur la possibilité d’articuler responsabilité et rentabilité.
Commençons par rappeler des notions essentielles. Premier point : non, l’entreprise à mission ne vise pas à moraliser le capitalisme et à minimiser la performance en détournant les ressources de l’entreprise au profit de préférences individuelles, au détriment des légitimes propriétaires, en l’occurrence les actionnaires. C’est précisément le contraire. Une société à mission est une entreprise dotée d’une « raison d’être » et d’objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux associés, inscrits dans ses statuts et constituant sa « mission ». Ce statut facultatif est adopté librement par les actionnaires, qui acceptent d’aligner les processus et les ressources de l’entreprise dans ce cadre de durabilité et de cohérence stratégique qu’est la mission. Il s’agit d’une rupture structurante avec les politiques de responsabilité sociale, trop souvent normatives, très peu intégrées dans les modèles économiques. Ce statut d’entreprise met donc sur le même plan l’aspect lucratif et la finalité d’ordre social ou environnemental. Dans le cas de Danone, les actionnaires ont voté massivement en faveur de la transformation en entreprise à mission en 2020 (cf. ci-après). Ils ont bien manifesté leur liberté de choix en faveur d’une stratégie de création de valeur contributive au bien commun sur le long terme. Un des deux fonds activistes a d’ailleurs voté en faveur de cette transformation en parfaite connaissance de cause.
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L’affaire Danone
Le 26 juin 2020, Danone est devenue la première entreprise à mission cotée française, inscrivant dans ses statuts des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux associ...