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Les enseignements du tournant énergétique allemand

Si l’Allemagne et la France ont toutes deux décidé d’amorcer une transition énergétique, elles ne suivent pas la même politique, aussi est-il intéressant d’essayer de tirer des enseignements du « tournant énergétique allemand ».

C’est ce travail qu’a entrepris l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) avec un rapport sur la transition énergétique (Energiewende) en Allemagne, basé sur les conclusions d’auditions publiques qu’il a organisées en septembre 2014 [1].

Tous les experts, français et allemands, ont souligné que l’Allemagne s’est fixé des objectifs ambitieux à travers plusieurs lois (la première en 2000) et la décision prise, en 2011 immédiatement après la catastrophe de Fukushima au Japon, de sortir du nucléaire en 2022. La coalition gouvernementale arrivée au pouvoir en 2014 les a actualisés dans son contrat : passer progressivement du nucléaire et du charbon aux énergies renouvelables, avec une part des renouvelables dans le mix électrique de l’ordre de 35 % en 2020, puis 40 %-45 % en 2025 et « au moins » 80 % en 2050. Ces objectifs, s’ils ne négligent pas les économies d’énergie (une baisse continue de la consommation d’énergie et de l’intensité énergétique est prévue), portent pour l’essentiel sur l’électricité.

On peut utiliser trois critères pour analyser les progrès de la transition énergétique allemande : la production d’électricité renouvelable ; le coût financier et l’incidence économique ; et l’impact climatique. La priorité donnée aux énergies renouvelables est incontestablement respectée car on constate une montée en puissance continue de la production d’électricité par des ressources renouvelables et l’utilisation de la biomasse. Les énergies renouvelables représentaient près de 25 % de la production électrique en 2014 (13 % pour l’éolien et le solaire, le r...