La Fondation abbé Pierre : une autorité sur le mal-logement
La Fondation abbé Pierre (FAP) réalise, depuis plus d’un quart de siècle maintenant, un travail d’envergure. Elle publie, chaque année, début février, un rapport sur le mal-logement, une notion qu’elle a contribué à façonner et à populariser.
Nombre de discussions techniques portent sur la pertinence de la notion, qui agrège différentes dimensions, et sur la pertinence des évolutions calculées et rapportées par la FAP [1]. En tout état de cause, le rendez-vous annuel est maintenant fixé dans le calendrier des opérateurs de la politique du logement et les tableaux proposés par la FAP font, en quelque sorte, autorité [2].
On peut, en produisant les séries statistiques à partir des 16 derniers rapports, présenter les évolutions des phénomènes analysés tels qu’appréciés par la FAP. La FAP rend d’abord compte de l’évolution du nombre de sans-domicile, c’est-à-dire toutes les personnes qui ne bénéficient pas d’un domicile, la plus grande partie se trouvant dans des services d’hébergement, les autres, les sans-abri, se trouvant à la rue ou dans d’autres lieux qui ne sont pas adaptés à l’habitat (squats, etc.).
Des catégories mouvantes
Les sans-domicile
Jusqu’à la fin des années 2000, ce n’est pas « sans-domicile », mais « sans-domicile fixe » qui est employé par la FAP. En 2006, c’est le chiffre de la première enquête INSEE (2001) qui est cité : 86 500. On passe ensuite à 100 000 puis à 133 000 entre 2011 et 2014, et 143 000 en 2017. Nouveauté, en 2021, le chiffre passe à 300 000, selon l’estimation FAP 2020. Celle-ci peut tout à fait se concevoir, sauf ...