Journal

La Révolution agro-écologique

Se nourrir demain

Analyse de livre

fr
Matthieu Calame a livré un ouvrage qui rejoindra la liste, déjà longue, de ceux qui ont, avant le sien, traité de la crise écologique en général et de l’articulation de cette crise avec les activités agricoles. Conformément à la collection La République des idées, c’est en à peine une centaine de pages, réparties sur cinq chapitres, que l’auteur dresse dans un premier temps un inventaire de la crise agricole, des impacts de l’activité agricole sur l’environnement et la dégradation du climat.

Calame Matthieu, La Révolution agro-écologique. Se nourrir demain, Paris : Seuil (La République des idées), février 2023, 128 p.

Dans un second temps, et après avoir rappelé quels sont selon lui les principes fondamentaux de l’agroécologie, Matthieu Calame explore les pistes politiques qui conduiraient à promouvoir et à imposer une transition agroécologique. À la suite de quoi l’auteur avance que l’agriculture industrielle se situe sur une trajectoire déclinante et que l’agroécologie s’inscrit dans une démarche prospective.

À la lecture du livre de Matthieu Calame, il ressort que le secteur agricole a été absorbé par la logique industrielle, logique dans laquelle l’ont conduit les politiques publiques depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La section intitulée « Des tanks aux tracteurs », des pages 35 à 39, est de ce point de vue éloquente. L’auteur estime qu’il est nécessaire d’établir un lien direct entre l’instauration de ce modèle d’agriculture intensive et la crise écologique que les sociétés — en premier lieu, européennes — traversent depuis longtemps, et qui s’accentue depuis quelques années. Le livre prend d’ailleurs appui sur le conflit en Ukraine pour montrer que la sécurité alimentaire du monde est en quelque sorte menacée si l’on ne se détourne pas de ce modèle. C’est pourquoi sont passées en revue les pratiques culturales et d’élevage propres à cette agriculture intensive, afin d’en souligner les conséquences néfastes, mais aussi pourquoi il est indispensable, impératif même, de revenir à une certaine « maîtrise de l’art agricole » (p. 22).

L’auteur pro...