La fraude identitaire : un risque émergent ?

Les services de police ont longtemps suivi des cas de documents d’identité frauduleux [1]. Aujourd’hui, un phénomène de grande ampleur émerge : celui de la fraude identitaire au sens large, c’est-à-dire d’usurpation de l’identité d’un individu sans nécessairement toujours passer par la fraude aux documents d’identité proprement dit. Il s’agit de personnes qui acquièrent des données relatives à l’identité d’un individu à des fins frauduleuses. Il peut s’agir d’une identité numérique (email, mot de passe), commerciale (numéro de compte client), administrative (numéro de sécurité sociale, etc.)…

Différentes méthodes peuvent être employées pour réaliser cette fraude (depuis la fouille de poubelles ou le vol de portefeuilles, jusqu’aux techniques cyber les plus récentes d’hameçonnage, ou de scannage de la carte de crédit lors d’un prélèvement, entre autres). Les fraudeurs utilisent classiquement les données volées concernant l’identité d’une personne pour avoir accès à des comptes bancaires, faire des achats, camoufler des activités illicites, ou bénéficier de droits auxquels ils n’ont pas accès (assurance, sécurité sociale, etc.). Il peut se passer des semaines voire des mois avant que les personnes victimes de fraude identitaire ne réalisent l’ampleur des dégâts causés par les fraudeurs. En France, une étude menée en 2009 par le Crédoc (Centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie) a révélé que 210 000 Français sont chaque année victimes d’usurpation d’identité, pour un coût annuel de près de quatre milliards d’euros pour les personnes lésées, les organismes publics et les compagnies d’assurance [2]. Au Royaume-Uni, des statistiques relatives à la fraude identitaire sont produites annuellement, et soulignent la montée en puissance du phénomène.