« La pandémie de Covid aurait fait naître chez les citadins, notamment dans les métropoles, des aspirations à un cadre de vie plus vert et moins dense qui se seraient traduites par un flux de déménagements vers des villes plus petites ou des zones rurales ». En partant de ce constat-hypothèse, une équipe de France Stratégie a essayé d’apprécier la réalité du phénomène « d’exode urbain ».
Pour cela, elle a comparé dans une note récente [1] les rythmes de progression-régression annuel avant et après Covid de trois indicateurs — les inscriptions scolaires dans le primaire, les inscriptions dans le secondaire et la variation des prix immobiliers. La comparaison a été effectuée pour 1 312 pôles et couronnes urbaines « étudiés à la loupe » et répartis dans huit catégories — région parisienne, métropoles, villes moyennes, petites villes, avec pour chaque catégorie, une distinction entre le pôle central et la couronne. Le rural hors zones d’attraction urbaine a constitué la neuvième catégorie.
Le premier enseignement de l’étude est qu’il y a bien eu un mouvement allant des cœurs urbains métropolitains vers les territoires moins denses — couronnes métropolitaines hors région parisienne ou villes moyennes — mais que le « terme d’exode urbain paraît abusif pour décrire ce qui ressemble plus à un desserrement des cœurs de métropole au profit de leurs couronnes ou de territoires plus lointains ». Il faudra attendre les résultats du prochain recensement pour apprécier pleinement l’ampleur du phénomène. La méthodologie retenue n’a pas en effet permis d’apprécier les migrations des retraités et des ménages sans enfants.
Un second enseignement concerne « l’hétérogénéité des stratégies territoriales depuis la crise sanitaire, qui ne poursuivent pas forcément les trajectoires passées, quelle que soit la nature de territoire ». La dynamique antérieure de migration vers les aires métropolitaines et les départements littoraux ne semble plus dominer le jeu. Les écarts entre les villes moyennes qui attirent et celles qui attirent moins se jouent plus sur des facteurs propres à chaque ville que sur des dynamiques géographiques générales.
Comme le soulignent les auteurs, l’étude de ces mouvements devra être affinée, pour expliciter notamment les trajectoires atypiques et apprécier la pérennité du mouvement.
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Bouvart Coline et Bouba-Olga Olivier, « Exode urbain : une mise au vert timide », Note d’analyse, n° 122, juin 2023, 8 p., France Stratégie.↑