La crise de la Covid-19 a provoqué la mobilisation internationale d’un grand nombre d’acteurs privés et publics pour trouver de nouvelles solutions susceptibles d’enrayer l’épidémie. En la matière, les grandes entreprises du numérique n’ont pas été en reste. Le 10 avril 2020, Google et Apple font part de leur volonté conjointe de proposer une application de traçage. Directement intégrée à leur système d’exploitation, celle-ci est mise à disposition des États. Elle permet d’identifier rapidement les personnes en contact avec un malade positif à la Covid-19, via un système de communication Bluetooth entre téléphones. En encourageant les personnes exposées à s’isoler, l’application casserait les chaînes de transmission, ralentissant le rythme de propagation du virus. Plus d’un an plus tard, cette application « made in GAFAM [Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft] » n’a toujours pas prouvé son utilité, ni en Europe ni en Amérique du Nord, où la pandémie continue. L’histoire du contact tracing est un cas d’école des relations entre États, plates-formes numériques, citoyens et nouvelles technologies, sur le Vieux Continent et outre-Atlantique.
Une incapacité à coordonner et à homogénéiser les outils
Malgré quelques réticences initiales (en France notamment [1]), cette stratégie d’identification numérique des personnes susceptibles de porter la Covid a rapidement été promue par les autorités, à la fin du premier confinement, en Europe et en Amérique du Nord. Néanmoins, le déploiement de ces applications de contact tracing s’est fait de manière très disparate, reflétant les spécificités politiques de chaque pays.
Aux États-Unis, chaque État fédéré gère sa propre solution. Dix-huit d’entre eux seulement ont choisi de mettre en place une application de traçage numérique. Au Royaume-Uni, l’État a rapidement signé un partenariat avec Google et Apple afin d’obtenir...