La nécessité de trouver une alternative aux carburants dérivés du pétrole pour le transport a conduit à accorder une place de choix aux biocarburants. Les biocarburants produits à partir de la biomasse ont, a priori, deux avantages : la matière première de base est renouvelable ; leur impact climatique est faible puis qu’ils « recyclent » du gaz carbonique (CO2) capté dans l’atmosphère et fixé par les végétaux.
De fait, dans un grand nombre de pays, les gouvernements ont pris des mesures (fiscales notamment) pour favoriser la production de biocarburants : la France s’est fixée un objectif global d’introduction de 7 % de biocarburants automobiles en 2010 et l’UE (Union européenne) celui d’utiliser 10 % de biocarburants dans les transports en 2020.
Cependant, l’euphorie qui avait gagné le secteur des biocarburants, ces dernières années, est quelque peu retombée car la génération actuelle de biocarburants (dite « première génération ») a été l’objet de nombreuses critiques. Un premier lot de critiques concernait leur impact climatique, plusieurs rapports ont, en effet, montré que leur bilan carbone (le bilan total des émissions de CO2 comparées à celles de l’essence ou du gasoil) n’était peut-être pas, du moins pour certains d’entre eux, aussi positif qu’on l’affirmait.
La seconde volée de critiques, probablement les plus fondées, tendait à souligner que ces biocarburants, en utilisant des produits agricoles destinés à l’alimentation humaine (le blé et le maïs notamment), entraient en concurrence directe avec des produits alimentaires alors que les besoins de la planète dans ce domaine allaient fortement augmenter. La crise alimentaire en 2008 et l’envolée des cours des produits agricoles ces dernières années donnaient crédit à cette thèse, même si les cours se sont retournés au second semestre 2008.
Confrontés à ces critiques, les promoteurs de la filière des biocarburants cherchent donc une voie alternative : fabriquer de l’éthanol à partir d’une biomasse « non alimentaire » (du moins pour la consommation humaine) telle que des résidus agricoles (paille, tiges, feuilles, bagasse, etc.) et forestiers, voire des herbes. Cette filière est généralement dénommée biocarburants de deuxième génération. Une troisième génération serait celle des carburants produits à partir des algues.
Cette note d’alerte de Pierre Papon revient sur les avancées scientifiques dans le domaine des biocarburants et sur les perspectives qu’elles ouvrent.
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